Hier, enfourchage de vélo, et dévalage de canal en suivant l'ancien halage. Depuis Nancy. Traversée de Nancy, puis de Jarville, jusqu'à arriver à cette passerelle mitoyenne du canal, à Laneuveville-Devant-Nancy. C'est assez rapide à faire. Cette passerelle bondit lourdement au-dessus de ma Meurthe et donne sur les vastes prés bordant la rivière encore relativement sauvage. D'ailleurs, le lieu se nomme "Le Grand Pré". Etonnant, non? Enfin, cette passerelle qui fait chclong dong quand tu passes sur les plaques assemblées avec des gros points de soudure.
Temps admirable, vue vers l'amont à droite de la passerelle ci-dessus... sur la gauche de la photo ci-dessous, un tas étrange et informe.
Un tas étrange et informe? Ah ah, j't'en foutrais, moi. Que nenni. Ce n'est pas un tas informe, c'est la Chartreuse de Bosserville, qui entre nous se défend bien, s'il-te-plaît. Z'avez remarqué, tiens? elle est sévèrement classique la chartreuse, hein. Attention, il y a quand même du baroque sournoisement planqué dedans. Il se dit ici et là que c'est un modèle de rigueur, et un archétype de chartreuse. Je le crois aussi. Puisque c'est manifeste.
Elle se trouve sur la commune d'Art-sur-Meurthe et a été construite au XVIIème siècle, comme quoi, pendant ce siècle, on n'a pas que rasé la Lorraine et ses voisins entre Européens heureux d'être en guerre. Non. Les chartreux de Laxou, près de Nancy étaient des Mosellans. Après quelques démêlées avec le duc Charles IV (le rigolo), ils se retirèrent à Bosserville, écart d'Art-sur-Meurthe. Faut croire qu'ils avaient emmené leurs pépètes avec eux, ou qu'ils avaient de bon amis. Parce que l'architecte Giovanni Betto, il n'a pas plaisanté. Dans son genre. On notera que c'est le premier architecte de la cathédrale de Nancy. Comme quoi, il n'a pas pas fait que des "gros tas de merde XVIIIème" (j'avais envie de remettre une couche, c'est gratuit, ça me fait plaisir et ça me fait rire. Même ma mère est d'accord. C'est pour dire!).
Moi , en tous cas, cette chartreuse, je l'aime beaucoup. Pour la construction, on a fort à propos réutilisé beaucoup de pierre issue du démantèlement des imposantes fortifications de Nancy. Elle a connu les nationalisations des années 1790, plutôt logique, puis fut rachetée en 1846, et transformée en établissement scolaire: toujours aujourd'hui, c'est le lycée technique Saint-Michel qui occupe les murs (c'est aut' chose qu'ARTEM, hein?) et si vous voulez voir les intérieurs, attendez les journées portes ouvertes du lycée, ou la journée du patrimoine.
Peut-être même que l'on vous donnera des renseignements plus frais que les miens? Car les miens sont, je l'avoue, difficiles à vérifier, puisque seul internet m'a guidé... donc, pincettes sur tout ce qui a été écrit au-dessus! Le seul truc sûr, c'est que ça vaut le détour, et le cas échéant, le coup d'œil.
Enfin, cette vue sur la Chartreuse de sa rive opposée, ne doit pas nous les faire oublier, ces rives. La jolie Meurthe qui est encore épargnée par le presse-purée de la canalisation et de la mise hors inondations dans Nancy! (à ce propos, voir la vidéo de Gérard, sur son blog -faut descendre un peu, c'est pas en haut de page- tout neuf et bourré de photos de Nancy et alentours dans les années 50 et 60, par ses soins).
La suite de la sortie vélo demain, qui nous mènera jusque Neuves-Maisons (demain... demain le billet, hein, en vrai c'était tout aujourd'hui). Sauf si je change d'avis. Et c'est pas impossible.
2 commentaires:
Encore une bonne pédagogie sur la Chartreuse...
Mais de grâce ne traitez pas notre cathédrale de "gros tas de merde".
Moi je l'aime beaucoup et elle est à sa place dans l'ensemble architectural du XVIIIème.
Je vois mal les cathédrales de Metz,Toul ou Reims dans l'axe de la rue Maurice Barrès, ça a du être étudié pour !
Mais je ne dis pas le contraire!
Elle est bien entendu parfaitement à sa place, et aucune des autres cathédrales citées n'y serait logique et je les vois aussi très mal à cet endroit.
Je rapporte simplement les paroles d'un ami qui m'ont fait beaucoup rire pour leur côté irrévérencieux et leur second degré, ce qui est un peu la moelle de la plupart de mes billets. Je n'empêche personne de l'aimer, et même, j'encourage toute personne de passage à aller la voir, car c'est un monument majeur et incontournable de Nancy.
Comme je l'écrivais dans un billet précédent, il est aussi parfois très sain de dire du mal de ce qu'on aime, parce que c'est drôle, d'abord et avant tout, parce que ça permet aussi de prendre un poil de recul.
Donc, je trouve que mon camarade de jeu a raison quand il traite la cathédrale (lui qui a une formation de tailleur de pierre) de gros tas de merde.
La première raison étant que le décalage entre le bâtiment, austère, et l'affirmation, chaussée de gros sabots m'apparaît comique.
J'aime aimer, mais je déteste vénérer! J'essaye de garder ici un point de vue très personnel vivement marqué tant dans l'écrit que l'image, parce que je veux pas être considéré comme "savant" (car je ne le suis pas) ou comme un simple relais touristique de la ville. Il y a d'excellents livres qui font ce boulot, et qui valent tous les sites internet du monde. Ce qu'ils ne pourront pas faire, par contre, c'est donner ma vision. Nécessairement et hautement subjective!
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