jeudi 21 septembre 2006

Nancy en vrac

Le pauvre privilège des gens qui doivent se lever tôt le matin pour aller bosser: on voit, et on sait des choses que le commun des mortels ignore...

Derrière chez moi, les canards pullulent, les rats aussi. Ceux à plumes, ils s'installent en bandes compactes sur les bords et regardent passer les humains avec un air circonspect, qui sied à tout canard bien élevé.

Derrière chez moi aussi, le matin, vers septembre, c'est brumeux joli, c'est lever du soleil engourdi dans un écrin opaque (comment ça "écrin" ça fait cul-cul?).


Et puis même en plein centre-ville, à trente secondes de la gare, y'a des havres de paix qui subsistent, toujours joliment éclairés...


vendredi 15 septembre 2006

Villey-le-Sec - Part 1 - 1996


Tu pars de Nancy. Tu suis la Moselle par Ludres. Neuves-Maisons. Maron. Puis tu arrives par une des plus jolies routes des environs de Nancy à Villey-le-Sec. Bled perdu quelque part sur les crètes au-dessus de la Moselle. Et là, ô surprise, un fort. Immense. De la fin du XIXème. Quand la Première Guerre mondiale n'existait pas encore, même si les esprits y étaient préparés. Un peu après la Commune. Quand les esprits l'oubliaient déjà. Ouais, pendant Dreyfus, en gros.



Ce foutu fort, j'y ai passé du temps. J'y étais bénévole. Avec une bande de joyeux lurons. On avait entrepris d'en débroussailler les 33 hectares pour lui rendre sa physionomie d'origine. Et stopper la dégradation des maçonneries à cause de l'humidité.


Un très gros boulot. Entre autres au bord des fossés ou des cours intérieures. Parfois un peu dangereux. Mais on ne mesurait pas ce genre de choses. On avait plutôt raison.


Parce que la camaraderie des gens avec qui je bossais suffisait à tout compenser, à tout faire accepter, le bénévolat en hiver par -10°C à couper du bois, comme les saucisses flambées au chalumeau faute d'autre chose.

Un jour, le Conseil Général y a mis son nez, un ambitieux à pris la tête de l'association.

L'odeur de l'argent et du parvenu a submergé celle de la camaraderie d'antan.

Nous avons pris la fuite.

mardi 5 septembre 2006

Le Grand Couronné du minot


Le Grand Couronné.


Je ne peux pas dire que j’y ai grandit. Mais la plupart de mes week-ends d’enfants se sont passés là-haut, dans la cambrousse, à explorer les lieux, la forêt voisine, tout seul, en bon fils unique.

Le Grand Couronné, c’est un ensemble de collines et de plateaux au nord-est de Nancy, pas trop loin, et c’est bien joli… c’est bien joli, car ce sont de grandes vallées agricoles, entrecoupées de petites traverses où se logent des villages tranquilles, sans lotissements, ou si peu, et souvent des châteaux en ruine.



Et si vous passez un dimanche en Lorraine, dans ce coin, au détour d’une route, vous verrez sûrement cette baraque inhabitable à l’époque déjà (la photo doit être de 1993 environ), plutôt ruinée aujourd’hui, où j’allais avec mon grand-père, où j’ai appris que le vin ça se boit et c’est bon pour le cœur dans un verre Duralex et pas dans un putain de verre à pied avec des gens qui te disent comment qu’c’est qu’il est ton vin, que la belote ça se joue après la sieste sur la chaise avec la tête qui tombe, que la toile cirée, ça colle en été avec la sueur, que les restes du repas en juillet, ça fait venir les guêpes qu’on peut facilement rendre ivres avec un peu de vin sucré. Que sinon, le jus de ta viande, tu le jettes pas, tu mets ta fourchette sous ton assiette pour l’incliner, que le jus s’y accumule dans un coin (les assiettes n’ont pas de coins ? Tu m’en diras tant), que tu y mets un peu de vin, un peu de moutarde, tu touilles du bout de ton couteau et là seulement tu te fais ça avec des mouillettes taillées dans les restes de pain…

Bah pour moi, dans mon souvenir de gosse, c’est aussi ça, un dimanche en Lorraine… c’est l’été, chaud, long, ça ne doit jamais finir, ça peut parfois être ennuyeux, et c’est tant mieux, car ça te fait inventer des trucs déments pour combattre l’ennui.

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