samedi 1 août 2009

Châtel-sur-Moselle


Détour par les Vosges "saintoises". Je m'autorise ce néotoponymisme. Ce qui nous donne un néologisme acrobatique, au final.

Châtel-sur-Moselle est un bled qui m'a fasciné très tôt. Parce que quand on visite ce bled, on réalise soudain que ça n'a pas toujours été un bled. Loin de là. Oh, très loin. Et, dans mes souvenirs, de s'ouvrir un pan d'incroyable histoire locale avec le château des comtes de Vaudémont, famille qui indirectement nous pondra d'ailleurs un duc pas piqué des hannetons, j'ai nommé Charles IV**, sur la vie duquel un film mériterait d'être tourné, tant c'est romanesque, et un peu mesquin aussi. J'en oublie les seigneurs de Neuchâtel, dis-donc, qui ont aussi tenu cette forteresse... bref, dès mes premiers boutons d'acné et ma première visite des lieux, je suis resté sur le cul.

La gageure, c'est que dans ce billet, il n'y a aucune image du château. De la forteresse, pour être plus exact. Louis XIII le pragmatique, au demeurant, chatouilleux sur cette (entre autres) forteresse menaçant de sa puissance encore notoire au XVIIe siècle ses actions militaires diverses et variées dans une Guerre de Trente Ans assez peu primesautière en Lorraine et dans le Palatinat, s'est bien cogné dessus à plusieurs reprises. Son illustre descendant Louis n°14, autrement connu sous le nom un peu plus officiel de Louis XIV*, ce qui revient au même, en ordonnera le démantèlement. Mais la forteresse était construite sur une falaise naturelle au-dessus de La Moselle. C'est ainsi, malgré les bâtiments de surface arasés, que l'Association des Amis du Vieux Châtel a un jour décidé de sauvegarder ce qui pouvait l'être, et de dégager ce qui dormait sous terre.

Quand on voit ce qui reste aujourd'hui, qui est monumental et dont la visite s'impose absolument pour tout Lorrain, mais aussi pour toute personne de passage, on ne peut que rester béat face à la reconstitution en maquette de l'élévation ancienne des lieux, et à l'incroyable forteresse qui se tenait là. Un Haut-Koenigsbourg en puissance, certes moins "nid d'aigle", mais tout aussi impressionnant. D'autant plus touchant, l'endroit, qu'il est invisible avant d'avoir le nez dessus, victime des nécessités destructrices et néanmoins logiquement géopolitiques du Grand Siècle. Petit musée poussiéreux en deux pièces désuettes, du genre qui me plaît spontanément. Puis, on suit le/la guide, on descend au sous-sol du bâtiment déjà ancien dans lequel se trouve le musée (il sent fort le XVIIIe? corrigez-moi si vous savez...), et on débouche immédiatement dans les galeries qui composent les organes défensifs de la forteresse face à la Moselle... ça a des airs de l'incroyable, lui aussi, château de Brézé, et il y en a pour un moment, à découvrir les belles saloperies que les défenseurs pouvaient réserver aux assaillants. Bref, les lieux allient sérieux de la présentation et du travail historien en amont et visite spectaculaire, avec un guide. Parce que les vieilles pierres promeuvent trop souvent la "visite libre", qui prive du chaud contact humain. A ma connaissance -cela a-t-il changé?-, ici, y'a quelqu'un qui vous guide, et même si c'est quelqu'un d'embauché pour l'été et qui fait ce qu'il/elle peut, allez-y!!! Ça vaut toujours mieux qu'un panneau mort..

Et pour finir, promenez-vous dans le gros village: des tas de jolies choses cachées dans tous les coins (à l'instar de Toul...), mais qui se méritent: il faut chercher un peu...

Alors, les Amis du Vieux Châtel... (bis pour si t'avais pas compris)

Et tant que t'y es, tu feras une visite avantageuse dans les parages proches à la Verrerie de Portieux...

*Dis-donc, j'ai relu dernièrement le "Louis XIV et Vingt Millions de Français" de Pierre Goubert... ça date déjà, mais ça reste frais et brillant, ça prend pas une ride. Lis-le, toi!

**Avantageuse biographie qui vaut ce qu'elle vaut, mais se lit avec bonheur au moins jusqu'aux deux tiers -après c'est un peu fastidieux, n'est pas Goubert qui veut...-, par Charles J.-A. Leestmans. Mais elle a au moins, comme disait Alain Litaize Le Grand (hi hi) à propos de bien des choses, le mérite d'exister. J'en suis heureux..

Allez, je ne résiste pas à vous faire part de ce bon vieux Jacques Dufilho (c'est pas neuf!) qui nous fait visiter le château:



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1 commentaire:

La Mère Roulettes a dit…

Moi qui y passe en train, j'aime beaucoup le pigeonnier de la gare...

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