D’autre part, une salle a été décorée dans les années 40 de fresques de Louis Guingot, figuratives, sur la thématique des fruits et de la fécondité. Le Guingot qui avait déjà œuvré au Théâtre du Peuple de Bussang ou aux brasseries de Charmes, entre autres. Ces fresques et leur authentification en 2001 font partie des éléments ayant empêché la destruction pure et simple des lieux telle que l’envisageait l’entreprise. Je n’en ai pas vu trace lors de mon passage. J’espère simplement qu’elles se trouvent dans une partie que je n’ai pas vue, voire inaccessible : leur disparition serait assez malheureuse. Réputées en « bon état » en 2000, quand on voit la rapidité avec laquelle les peintures peuvent se dégrader dans des locaux désaffectés, je ne donne pas cher de leur peau (une petite pensée pour la belle résistance oubliée des peintures du fort d’Ecrouves…).
Parfois, les friches sont valorisées, ou du moins, leur histoire, nonobstant les règlements de comptes locaux –qui sont monnaie courante dans ces cas-là- par des manifestations, comme en juin 2008, avec une mise en éclairage de l’ancienne aire des dépôts, et des sculptures de Denis Tricot à l’extérieur du site, ou, plus anciennement, en 2004, au château Corbin à partir des archives de l’usine, léguées à l’Association des Amis de Liverdun par madame Husson-Lerebourg, fille d’Eugène et des documents sauvés lors du démontage des machines et de la purge des locaux entre 2000 et 2004. En 1998, avant la liquidation des machines, un épisode de « Docteur Sylvestre » y a même été tourné. Avec Al Pacino. Nan, j'déconne. Pour Al Pacino.
En 2003, l’espace occupé par les anciens entrepôts, démontés en 2001 puis paraît-il, remontés en Normandie (ou en Lorraine ? On ne sait toujours pas), est transformé en vaste espace vert. Ces entrepôts, datant de 1976, prenaient la place d’un ancien (beau) moulin. En juin 2001, la chorégraphe Karole Armitage, qui a travaillé avec Michael Jackson et Madonna, se trouve sur le site et s’enthousiasme de ses possibilités en termes artistiques. Enthousiasme qu’on ne peut que partager au vu des lieux, mais toujours dans cette tension complexe entre la beauté de l’abandon génératrice d’un imaginaire proliférant, et l’encadrement de tout projet par une réhabilitation qui vient nécessairement atténuer, voire tuer cette force de l’abandon… de toutes manières, après avoir raconté un peu n’importe quoi, selon les mots rapportés par l’Est Républicain (« Liverdun fait concurrence à Hollywood »), Karole Armitage a malheureusement dû quitter les lieux sans projet, puisque les contraintes de financement et le Bateau inondable rendaient les choses trop complexes (on notera plus loin que pour des clients de la taille de Vinci, les zones inondables se rétractent assez magiquement... je ne sais pas quels travaux ont pu être mis en œuvre, et ça m'intéresse...).
En août 2001, ça râle contre Materne à la municipalité, qui s’inquiète de l’état d’abandon des lieux et en parallèle de leur accès facile. Je suppose que c’est à cette période que beaucoup de choses ont été détruites dans le site qui comme on le verra, est nu, mais plus que nu : il ne reste rien, pas une vitre debout, pas un câble, pas une conduite… on voit juste le fantôme au mur de la trace d’un transfo, d’une boîte de dérivation… quand on voit les photos en activité et l’état actuel… il n’y a même plus trace du carrelage du côté des stérilisateurs. Les dégradations sont par endroits, qu’elles soient l’outrage des cons ou du temps, très avancées.
Bien sûr, il n’y a pas là que du pillage, puisque les bâtiments ont aussi été « purgés », terme trouvé dans les appels d’offre de 2004. Je suppose qu’on ne laisse alors pas grand chose dépasser… Heureusement encore que les grapheurs, lointains héritiers de Guingot, lui donnent une certaine valeur et un peu de vie.
2 commentaires:
Je serais très curieuse de voir comment Guingot qui inventa à Toul - si, si ! - le motif "camouflage", a pu interpréter des fruits sur les murs d'une confiturerie. Vraiment, je veux voir.... faut que tu y retournes.
Il faut aller voir les photos sur le blog des Amis de Liverdun. Je vais rechercher le lien vers la page en question, je le mettrai au prochain billet).
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