mardi 16 août 2011

Liverdun: entre Lerebourg et Materne -1-


On attaque la série sur Liverdun? Lerebourg. Oui? Alors on y va.

J'ai toujours été très impressionné par cette usine perdue dans sa boucle de Moselle, au pied du château Corbin, à Liverdun. Cette usine qui est passée par des tas de péripéties avant de devenir ce grand volume vide tout ce qu'il y a de charmant et de triste à la fois. Est-ce qu'on veut savoir des choses sur cet endroit? Oui? Oui? On lève tous les mains et on dit "ouiiiii!" dans les commentaires si on veut en savoir des choses, allez les enfants!!! Et on fait un troupeau débile un flashmob festif pour crier son bonheur!


Avant toute chose, je tiens à préciser que tout ce qui va être écrit à propos de l'usine Lerebourg est une synthèse de ce que j'ai trouvé sur divers sites, avec des ajouts de mon cru, mais que 95% des infos viennent de la mine d'or qu'est le blog des Amis de Liverdun. Je me suis contenté d'en faire la synthèse et de l'épicer à ma sauce... le travail de conservation qui a été fait discrètement par l'association est phénoménal. Sa présentation sur un Skyblog est un peu gênante en terme d'ergonomie et les recherches y sont laborieuses. Mais Skyblog fait des choses techniquement très discutables, bien entendu, et l'auteur ne le savait pas forcément, m'est avis. Toujours est-il que j'ai été particulièrement touché par Lerebourg, par son histoire, humaine, industrielle, son destin tortueux depuis dix ans, sa dégradation notoire et son triste et touchant dépérissement -scuzez le changement de police: Blogger fait un peu son Skyblog... mériterait aussi un flashmob festif tout ça...

Bon, j'arrête, c'est drôle (à peine) cinq minutes. Revenons à nos autres moutons. L'usine a été construite en 1903 –ou 1908 ?-. Elle était loin de ressembler à ce qu'elle est aujourd'hui et était une plus modeste usine de colle de la Glutennerie Française. Néanmoins, on y retrouve des noms connus dans la région avec pour entrepreneurs France Lanord et Bichaton. En 1919, Eugène Lerebourg rachète les lieux (devenus entretemps blanchisserie militaire). Ce Normand, petit négociant en confitures à Paris, avait connu Liverdun pendant la Première guerre mondiale. Il s'associe à M. Saurin (le papa de William, l'homme qui n'a pas du beaucoup manger de ses propres cochonneries en boîte) et à M. Bisson et transforme l'usine en conserverie de fruits, confiseries et confitures, qui aux alentours de 1924 sera connue sous le nom de Lerebourg et Bisson. Elle est modifiée par l'architecte André César Millery en 1931-1932 avec l'ajout de l'atelier de fabrication et d'une chaufferie. La fameuse cheminée de l’usine, qui servait à évacuer les fumées des chaudières à charbon, avait pour étrangeté la greffe d’un réservoir d’eau à mi-hauteur. Ainsi, c’était une cheminée-château d’eau. Détruite en 2005, car considérée dangereuse, il fallu pourtant deux dynamitages et le renfort de pelleteuses face à la robustesse surprenante de cet élément construit à l’origine par une entreprise belfortaine.

Georges Clément, encore l'architecte, ajoute l'atelier de confiturerie en 1936. Ce même architecte, toujours avec France Lanord et Bichaton, continue régulièrement d'assurer les agrandissements de l'usine jusqu'en 1948. L’usine avait son propre puits au niveau de la Moselle; cette dernière étant capricieuse, comme en 1947, elle était assez haute pour envahir largement le site et donner des photos saisissantes du « bateau », élément architectural remarquable évoqué ci-dessous, qui se retrouvait pour le coup en eau ! En 1950, le père Lerebourg s’éteint. Dès 1960, sa fille, madame Husson-Lerebourg reprend la direction. Direction qui a toujours eu ses appartements au sein de l’usine. Quand on verra ce que les grands groupes feront par la suite de l’entreprise, on en viendra presque à regretter le paternalisme… (presque, hein, faut pas déconner non plus). En 1970, 15% de la production française de confiture vient de Liverdun.



(photos de juillet 2011)

12 commentaires:

Anonyme a dit…

"Quand on verra ce que les grands groupes feront par la suite de l’entreprise, on en viendra presque à regretter le paternalisme… "
Hé oui, c'était autre chose que l'ultra-libéralisme actuel ! Non ?

Dadu Jones a dit…

Je n'aime pas le paternalisme, il est toujours intéressé. Mais il apportait au moins quelque chose aux gens. Et surtout, surtout, les ouvriers avaient plus de prise sur lui, pour peu qu'ils s'organisent, que sur des grands groupes complexes et invisibles. L'ultralibéralisme, pour les classes populaires, c'est vraiment ça: l'ennemi invisible...

MamLéa a dit…

Exploration de la confiturerie qui a valu à notre ami Jones et ses copains co-urbexers (ça se dit ?) un super bel article dans l'Est Républicain le mois dernier.

Les confitures Lerebourg, autant qu'il m'en souvienne, ce n'était pas non plus de la qualité supérieure… catégorie fiston Saurin, si on veut. C'était surtout un débouché pour les mirabelles et quelques autres fruits de la région qui ne devaient pas être payés bien cher aux producteurs du coin.
Mais je me souviens parfaitement du temps où l'usine tournait encore.

MamLéa a dit…

Nota : le lien vers les amis de Liverdun ne fonctionne pas.
:-(

Dadu Jones a dit…

C'est corrigé. Merci de l'avoir signalé.

Dadu Jones a dit…

Ah et sinon, urbexers, on va éviter. Vu que c'est un peu ridicule.

Vincent a dit…

Pour les quelques fois où je suis passé à côté de ce site, je suis content de trouver un petit historique. Merci....
Le canal souterrain est pas mal non plus, mais il fera l'objet d'un autre billet je pense.

Anonyme a dit…

Quand j'étais môme dans les années 50-60 je mangeais des tartines de confiture Lerebourg tous les matins et tous les quatre heures ... elle était excellente à cette époque !

Dadu Jones a dit…

J'en ai aussi des bons souvenirs de quand j'étais môme. Mais j'étais môme, alors je fais un peu gaffe à la qualité documentaire de mon souvenir... enfin, le fait est que je l'aimais bien. Mais j'aimais bien aussi le Banga, alors...

MamLéa a dit…

...aucune comparaison avec les confitures de ma maman ni avec les miennes !
:-D

Dadu Jones a dit…

Ouais non mais ça forcément, si tu vas piocher hors catégorie...

Радомир Эра a dit…

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