vendredi 19 août 2011

Liverdun: entre Lerebourg et Materne -3-


NB. Source principale: Les Amis de Liverdun

Juin 1999 : Materne annonce officiellement la fermeture du site. En mai 2000, on commence à démonter le matériel. Les Amis de Liverdun avec l’aide de M. Henry, dernier directeur de l’usine, sauvent tout ce qu’ils peuvent des archives et éléments intéressants. On démonte alors entre autres les bassines de cuivre dans lesquelles on « cuisinait » la confiture. Disparues ? Oui, en tous cas au niveau liverdunois, on ne semble pas avoir d’infos… les « boules de concentration », plus récentes, partent pour l’Algérie. Je pense à la dizaine de derniers employés qui travaillaient là, dans ce grand navire vide. Quelle ambiance, dans ces locaux immenses ? J’aimerais tant connaître l’imaginaire qui pouvait être lié à de telles conditions de travail… au final, quand on fait un clic sur la section « histoire » du site de Materne, ou que l’on fouine et tombe sur des documents publics de la marque, on voit quelque chose de très sommaire. La chronologie indique l’ouverture des sites de Boué, Lyon et Liverdun. Leur regroupement sous « Materne » en 1989. Le rachat par Hillsdown en 94, et pis pouf, plus rien sur Liverdun. Et quand on regarde la carte des sites actuels, ça indique le site de production de Boué et le siège social de Lyon. Oh, comme c’est dommage, Liverdun a disparu de la carte entretemps… qu’est-il arrivé ? Bah c’est pas Materne qui va nous le raconter…

Aspect intéressant de l’entreprise Lerebourg, comme on l’a vu dans ces pages avec les Brasseries de Maxéville, puis les Vins de la Craffe, la réclame, la publicité, bref, le rabattage du badaud a très vite été un aspect important de la marque. Celle-ci se concentra en premier lieu sur le site lui-même, que la voie ferrée de Paris longe. Inscriptions murales, mise en valeur de la cheminée-château d’eau… mais aussi de petits objets publicitaires comme ces poignées solides à fixer très simplement sur les cornets pendant les courses, évitant la sciure des doigts et la coupure d’une alimentation sanguine appréciée par nos extrémités au fin fond de l’hiver lorrain.



Le site avait à peine fermé ses portes, en 2000, que l'on y envisageait le stockage de farines animales, ou farines « carnées ». Le top du top de l’industrie agro-alimentaire, ce qui se fait de mieux dans l’industrie de la sale bouffe, avec d'intéressants relents de cannibalisme. Il s’agissait de les entreposer à Liverdun pour aller ensuite les brûler à Xeuilley, à la cimenterie Vicat, car elles sont « un combustible comme un autre », commentait, bonhomme, le patron des lieux. Les logiques absurdes d’une société de consommation industrielle… : c’était l’époque de la vache folle, époque révolue puisque cette année 2011, les farines animales sont en train d'être remises discrètement quoiqu’officiellement en circulation dans notre belle gastronomie. Le projet de stockage a vite été abandonné, puisque l’accès aux camions de plus de 3,5 tonnes semble problématique sur le site, et de plus, la zone est toujours –et a toujours été- inondable. Lionel Cappio, le directeur général de Materne à cette date, semble alors vouloir se débarrasser au plus vite de ces locaux qui sont un « réel problème ». S’il envisage la destruction pure et simple des lieux, on sent bien aussi que Materne n’a pas bien envie d’en supporter le coût. Le coût ? Eh oui, le coût : c’est que c’est bourré d’amiante, là-d’dans…




Depuis on s’échine à Liverdun, et on s’écharpe aussi un peu autour de la friche industrielle qui se dégrade tranquillement. Il faut pourtant noter que son architecture n’était rien moins qu’anodine, puisque la partie principale de l’usine était un véritable navire (nous retrouverons Eugène Lerebourg comme capitaine de celui-ci), et sa proue, aujourd’hui mutilée et peu reconnaissable a fait les beaux jours d’une certaine innovation dans la représentation de l’espace. Cette réalisation était d’un grand intérêt. Je la trouve assez admirable, pour ma part. Le « bateau », plus qu’art déco m’est avis, en tête. Cet élément qui évoque réellement un paquebot verra d’ailleurs sa proue bordée par la Moselle, dans un effet saisissant. Les travaux de canalisation de 1978 lui enlèveront en partie cet aspect, en faisant reculer la rive de la rivière et mettant, en quelque sorte, le Bateau en cale sèche.

1 commentaire:

MamLéa a dit…

Excellent article... merci !
Les poignées (anecdotiques) en question n'étaient pas spécifiques à Lerebourg-Materne et je me souviens bien en avoir utilisées, pour éviter de me couper avec les paquets ficelés à une époque où il n'y avait pas encore de "cornets" et que du coup, on polluait moins les paysages.

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