mardi 14 novembre 2006

Nancy fog inside

Je crois que je ne pourrai jamais te raconter à quel point j'aime ma ville et à quel point elle me manquera un jour.

Juste que qui que tu soies, d’où que tu viennes, tu y seras toujours le bienvenu, à mon sens. Avec ou sans papiers.

Tu verras que parfois, si ce n’est toujours, l’hiver arrive longtemps avant de stupide 25 décembre qui laisse l’automne se perdre dans les méandres de novembre. Pour planquer sa détresse, il nous sort : « Le brouillard ».


Faut pas s’inquiéter. Il le fait à chaque fois. Novembre en Lorraine, il fait son fier, mais en réalité, il n’en mène pas bien large.

Bien entendu, c’est en bordure du canal et de la Meurthe, sous les banlieusardes Malzéville et Maxéville qu’il donne toute sa verve, ce foutu brouillard, ce monsieur propre du paysage. Il gomme tout ce qu’il rencontre, on se croirait enfermé dans les ardoises magiques de quand on était petit.

lundi 13 novembre 2006

Nancy, duo matériau

Dans un premier temps...


Dans un second temps...



Dans un dernier temps.

Petit retour à Vic-sur-Seille



Vic-sur-Seille, c’est un gros village planqué dans des collines vinicoles. C’est près d’une route, celle qui va de Sarrebourg à Nancy, et pendant la fameuse période des hussards noirs de la République (qui tiennent plus de la légende que d’autre chose), pour faire large, 1873-1918, c’était en Allemagne.

Voyant ces magnifiques demeures qui ponctuent les rues du village, on comprend enfin quel était le lustre passé de la cité. Cela dit, qui travaillerait sur la théorie de l'hypocrisie bourgeoise au XIXème siècle (avouons que celle du XXIème tire aussi son épingle du jeu) ET en Province, trouverait ici son bonheur. Si Flaubert avait été Lorrain, la Emma Bovary aurait sûrement été domiciliée ici...


Un joli patelin, un musée de campagne à la vaste collection consacré à l'enfant du pays, le peintre Georges de La Tour (riez crétins, pour une fois que l'enfant du pays n'est pas un obscur inventeur de moule à cake...) et des ruelles qui nous permettent un peu plus de comprendre l’importance des lieux par le passé : fortifications imposantes, proximité immédiate de gisements de sel, palais des évêques de Metz… Vic-sur-Seille a été, jusqu’au XVIIIème siècle au moins, une cité clé de l’histoire de la Lorraine.

Prière de noter, ô potentiel touriste, la présence à Vic de l'Hôtel de la Monnaie, qui est tout de même un bijou de la Renaissance dans le domaine rural!


"_Un bien bel exposé, quoique fort convenu, mon cher Patrick!
_Merci pour vos critiques constructives, et pour votre soutien néanmoins inaltérable, mon brave Brantôme. Mais apprenez tout de même à fermer votre grande gueule."


jeudi 21 septembre 2006

Nancy en vrac

Le pauvre privilège des gens qui doivent se lever tôt le matin pour aller bosser: on voit, et on sait des choses que le commun des mortels ignore...

Derrière chez moi, les canards pullulent, les rats aussi. Ceux à plumes, ils s'installent en bandes compactes sur les bords et regardent passer les humains avec un air circonspect, qui sied à tout canard bien élevé.

Derrière chez moi aussi, le matin, vers septembre, c'est brumeux joli, c'est lever du soleil engourdi dans un écrin opaque (comment ça "écrin" ça fait cul-cul?).


Et puis même en plein centre-ville, à trente secondes de la gare, y'a des havres de paix qui subsistent, toujours joliment éclairés...


vendredi 15 septembre 2006

Villey-le-Sec - Part 1 - 1996


Tu pars de Nancy. Tu suis la Moselle par Ludres. Neuves-Maisons. Maron. Puis tu arrives par une des plus jolies routes des environs de Nancy à Villey-le-Sec. Bled perdu quelque part sur les crètes au-dessus de la Moselle. Et là, ô surprise, un fort. Immense. De la fin du XIXème. Quand la Première Guerre mondiale n'existait pas encore, même si les esprits y étaient préparés. Un peu après la Commune. Quand les esprits l'oubliaient déjà. Ouais, pendant Dreyfus, en gros.



Ce foutu fort, j'y ai passé du temps. J'y étais bénévole. Avec une bande de joyeux lurons. On avait entrepris d'en débroussailler les 33 hectares pour lui rendre sa physionomie d'origine. Et stopper la dégradation des maçonneries à cause de l'humidité.


Un très gros boulot. Entre autres au bord des fossés ou des cours intérieures. Parfois un peu dangereux. Mais on ne mesurait pas ce genre de choses. On avait plutôt raison.


Parce que la camaraderie des gens avec qui je bossais suffisait à tout compenser, à tout faire accepter, le bénévolat en hiver par -10°C à couper du bois, comme les saucisses flambées au chalumeau faute d'autre chose.

Un jour, le Conseil Général y a mis son nez, un ambitieux à pris la tête de l'association.

L'odeur de l'argent et du parvenu a submergé celle de la camaraderie d'antan.

Nous avons pris la fuite.

mardi 5 septembre 2006

Le Grand Couronné du minot


Le Grand Couronné.


Je ne peux pas dire que j’y ai grandit. Mais la plupart de mes week-ends d’enfants se sont passés là-haut, dans la cambrousse, à explorer les lieux, la forêt voisine, tout seul, en bon fils unique.

Le Grand Couronné, c’est un ensemble de collines et de plateaux au nord-est de Nancy, pas trop loin, et c’est bien joli… c’est bien joli, car ce sont de grandes vallées agricoles, entrecoupées de petites traverses où se logent des villages tranquilles, sans lotissements, ou si peu, et souvent des châteaux en ruine.



Et si vous passez un dimanche en Lorraine, dans ce coin, au détour d’une route, vous verrez sûrement cette baraque inhabitable à l’époque déjà (la photo doit être de 1993 environ), plutôt ruinée aujourd’hui, où j’allais avec mon grand-père, où j’ai appris que le vin ça se boit et c’est bon pour le cœur dans un verre Duralex et pas dans un putain de verre à pied avec des gens qui te disent comment qu’c’est qu’il est ton vin, que la belote ça se joue après la sieste sur la chaise avec la tête qui tombe, que la toile cirée, ça colle en été avec la sueur, que les restes du repas en juillet, ça fait venir les guêpes qu’on peut facilement rendre ivres avec un peu de vin sucré. Que sinon, le jus de ta viande, tu le jettes pas, tu mets ta fourchette sous ton assiette pour l’incliner, que le jus s’y accumule dans un coin (les assiettes n’ont pas de coins ? Tu m’en diras tant), que tu y mets un peu de vin, un peu de moutarde, tu touilles du bout de ton couteau et là seulement tu te fais ça avec des mouillettes taillées dans les restes de pain…

Bah pour moi, dans mon souvenir de gosse, c’est aussi ça, un dimanche en Lorraine… c’est l’été, chaud, long, ça ne doit jamais finir, ça peut parfois être ennuyeux, et c’est tant mieux, car ça te fait inventer des trucs déments pour combattre l’ennui.

dimanche 27 août 2006

Vergers de Moselle

La Moselle, entre Dieuze et Morhange, c'est un bordel de petites collines inextricables, barrées de forêts sombres. Et en haut d'une de ces collines, Château-Voué, chouette et simple petit village, encerclé par les vergers qui en Lorraine font couler des fruits, et donc de l'alcool.


Avec la collaboration de quelques rayons de soleil, de quelques nuages, ça devient carrément dépaysant, alors que tu es aux frontières de là où c'qu'on parle encore un peu le Platt, ce dialecte mosellan germanique râpeux, qui n'est pas la panacée en termes d'exotisme.


Si le Platt use ta patience, tu peux alors tourner des yeux ronds sur la campagne alentours avec ses arbres fruitiers et ses perspectives rassurantes.



Re-Vosges (il en faut)






...et c'est pas seulement parce que tu as passé la semaine à dormir le jour et à vivre la nuit que tu n'as pas quelques images gravées en tête de la beauté majestueuse des Vosges.

Avec une pensée enfantine pour Jo Bar-Jakk, le Vosgien Turco-portugais devenu Helvète confédéré, avant de virer Belge...

vendredi 18 août 2006

Dans les Vosges, y'a des fermes. Si.

Le monde regorge de mauvaises langues. La Lorraine aussi. Surtout quand il s'agit des Vosges. Sauf que en vrai, les Vosges, si on élude rapidement la situation sociale assez rude dans certains endroits, on peut quand même en tomber dingue.

Faut déjà voir les maisons. Les vieilles fermes. Ici, c'est à Fays. Tout près de là où le petit Grégory a appris la nage en sac dans la Vologne.


Tu peux tomber amoureux en deux temps trois mouvements de ce genre de barraque, tu vois, et je connais plus d'un ancien Vosgien émigré qui soupire souvent après cette ambiance.


Surtout quand les propriétaires ne sont pas des gros cons snobinards férus de déco trop hype et qu'ils ont sû préserver les lieux, et donc la chaleur humaine qui avec. Et encore, les proprios en question ont niqué la porte de la grange pour en faire une porte-fenêtre. Celà dit, ça peut aller, on a vu pire.

Verdun et sa cathédrale timide


Lecteur, va falloir que tu fasses un effort. Parce que là, on parle de Verdun, et j'en ai ramené des endroits, et Verdun c'est très spécial. Là, au-dessus, c'est une tour de la cathédrale qui émerge, bien entendu après restauration d'après 1918 au-dessus du...



... Centre mondial de la Paix. Bon, je vais juste te causer pierres, que si t'aimes les pierres, ça fait toujours plaisir, cet édifice arrondi juste ce qu'il faut, c'est plaisant à l'oeil. Austère, mais plaisant.


Dans la cloître de la cathédrale, mon ami, y'a des statues, austères elles-aussi. Verdun est une ville austère.



Et quand tu vois leur tête, aux statues, tu comprends que les petits humains mettent du temps à les appréhender.



On tourne autour, on s'apprivoise, on se jauge, sous le ciel gris qui semble en permanence porter un jugement péremptoire sur le moindre de tes pas. On finit par s'adopter. Finalement, les extasiés religieux figés deviennent familiers, et on peut enfin les regarder dans les yeux.



Mais ça prend du temps. La cathédrale de Verdun est grise, sous un ciel gris et inquisiteur, avec de la pierre grise. Elle est solennelle, dure, résignée.


J'aime l'aspect rude et peu engageant de ce genre d'édifices, leur retenue et leur inclination à ne pas se laisser saisir du regard, quitte à jouer l'incompréhension.

Tu veux que je te dise? La cathédrale de Verdun, elle est timide. C'est pour ça qu'elle fait la gueule tout le temps. C'est sa façon de se défendre. On utilise les armes que l'on peut.


Et puis, quand tu vois ses cicatrices de guerre, tu admets un peu mieux son mutisme, tu le regarde avec une tendresse soudaine et touchante.

C'est une vieille dame éprouvée. Elle aime bien la visite, mais se fatigue vite.

La cathédrale.

A Verdun.

Nancy, ville d'art & de culture, et de crasse aussi

Monsieur le juge, ce n'est pas de la mauvaise foi. Je vais même vous dire, je trouve que les éclairages de la place Stanislas et sa restauration, malgré leur coût scandaleux, mais admettons, sont un réel succès. C'est superbe. Après, ça dépend du sens que l'on a des priorités. Vous voyez, ce n'est pas de mauvaise foi.
(Rue Vayringe)

Mais avouez, monsieur le juge, que "Nancy, ville d'art et de culture", c'est une sacré insulte que vous nous faîtes à nous, vos braves et fidèles concitoyens.


(Une rue de Malzéville menant à la Meurthe)


(Au bord du canal, rue Charles de Foucault)

Dire que Nancy est une ville d'art et de culture, c'est oublier 95% des quartiers de la ville, au bas mot. Je vous vois pourtant venir. Vous aimez les quartiers populaires comme moi. On y voit de la vie quotidienne loin des ors de l'Hôtel de ville, et c'est bel et bon, c'est aussi une forme de culture, c'est un art, l'art de vivre. Je vous vois venir.


(Immeuble du quartier Jéricho, Malzéville)

Je connais votre définition de l'art et de la culture. Et je sais qu'elle se fait sans nous. Malgré vos opérations en direction du grand public. Faut bien vivre, hein? Le jour où l'on se comprendra, vous demanderez aux pontes de l'art et de la culture, et à l'essaim d'officiels dont vous faites partie de venir dans mon quartier inaugurer une exposition qu'on aura nous-même mise en place avec votre concours, pour le prêt des œuvres.


(Ancienne voie ferrée dans l'agonie du Faubourg Oberlin)

C'est nous qui la ferons visiter. On trouvera bien deux trois étudiants en histoire de l'art qui n'ont pas encore assimilé les principes de l'élitisme et de la contre-culture comme la chantait avec humour Zabriskie Point. C'est volontiers qu'il feront visiter la chose.


Et plutôt que d'inviter généreusement les classes des écoles des quartiers de merde de la banlieue sous les ors de votre musée des Beaux-Arts, ça vous tenterais pas de déplacer vos ors dans leur quartier? En les laissant gérer le truc?

Alleeeeeeeeeeeeeeez! Un p'tit effort...

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