mardi 31 mars 2009

Le Fond de Lavaux

A y est. J'y suis enfin... Pompey, le Fond de Lavaux, ancien quartier ouvrier. Les petites baraques au bord de la route.

En bas, l'usine à faire de la vapeur, et que d'ailleurs je ne connais pas son nom, à cette usine, ni ce qu'on y fabrique: si quelqu'un peut me renseigner, ce serait volontiers!

Les maisons ne sont pas neuves, certaines ont quelques frises en bois assez sympathiques malgré leur air défraîchit.

Le haut du quartier est un peu mort, mais plus on avance, se rapprochant de la gare, plus ça s'anime.





Eh oui, quartier ouvrier, et rappelons que la CGT est parvenue en 1949 à lancer des grèves importantes en Lorraine pour demander l'augmentation de la ration de vin! Véridique! Caricature? Oui et non. Lire à ce propos l'intéressant bouquin de Albert Falcetta, Ni con, ni salaud. Histoire d'un militant en Pays du Fer, qui raconte son parcours ouvrier, militant et politique du côté de Longwy.



Ici on se croirait presque au bout de la cité de la Plaine à Neuves-Maisons.



Tu noteras, lecteur, les petites maisons des ouvriers, les plus grandes maisons des ingénieurs... la hiérarchie sociale dans la cité ouvrière... j'espère bien que notre gouvernement, féru d'ordre social à l'ancienne, saura débusquer tous les nouveaux riches qui squattent les villas d'architectes pendables des hauteurs pour les obliger à retourner à leur place, dans ces maisons de la cité ouvrière, non?







Comme je le disais précédemment, le Fond de Lavaux était aussi plus ou moins une découverte pour moi. Me restait à descendre au centre de Pompey, ou plutôt à "l'autre centre", puisque ce quartier m'a semblé en être un aussi, pour me retrouver dans mes pénates...

lundi 30 mars 2009

Sur le Pré à Varois


Le lieu-dit "Le Pré à Varois" est une île, de fait, sur la Moselle, entre la canalisée et la pas canalisée, comme qui dirait, entre Pompey et Custines. Avec même un peu de Marbache encore dessus. Une triple jonction de finages... Zone industrielle endiablée, perché que je suis sur le bord de la N57 entre Marbache et Pompey, j'en profite au maximum. Ici, le nord de cette île, avec toujours la voie ferrée en fil rouge de cette marche:



A ce propos, la marche de Marbache à Pompey par la nationale n'est pas très réjouissante: je le savais, mais ne trouvant pas d'autre chemin, et n'ayant plus l'énergie, ni le temps de passer par les chemins qui montent dans la forêt de l'Avant-Garde derrière Marbache pour déboucher aux ruines du château éponyme au-dessus de Pompey, j'ai tenté l'expérience. Le trajet n'est pas bien long, mais être frôlé par les voitures pressées et les camions maléfiques, c'est moyennement agréable. Sans m'en plaindre réellement, car responsable de mon choix, j'ai tout de même constaté au milieu du vacarme que la vue sur le Pré à Varois est très belle depuis la route, et que côté plateau, des prés à l'herbe rase s'épanchent en de douces courbes de la lisière de la forêt à la route, un peu comme entre Pont-Saint-Vincent et Sexey-aux-Forges, courbes de terrain qui depuis mon enfance me réjouissent.

A l'issue de cette transition routière, j'allais, comme je le précisais, aborder enfin "la civilisation", comprendre qu'à partir de là, je pouvais estimer le chemin restant, le rendant moins "hostile". La civilisation, ce sont les zones connues de mes pieds, comme dirait l'autre; Pompey. Et encore, le haut de Pompey, côté Fond de Lavaux, fut une découverte, puisqu'habitué à tourner au centre de Pompey vers Liverdun, je n'avais jamais eu le loisir de monter de ce côté de la ville.

dimanche 29 mars 2009

Marbache

La route de Marbache est assez étrange, elle aussi, dans son genre. Elle croise des petits filets de maisons perdues entre autoroute et voie ferrée, abandonnées ou non, de bric et de broc ou non...

Elle croise ce qui ressemble à des baraques de Gitans sédentarisés (comme à l'ancienne gare de Burthécourt) autour de carcasses de voitures servant de points de récupération de pièces détachées: d'une certaine manière, ce lieu m'a fait penser à la cité Bellevue à Frouard, qui malgré son air décrépit, est si riante en été.

Une fois passé le coin des mamaillous, comme on dit par ici, ça se met à monter, et à l'entrée de Marbache, on trouve la gare de Marbache. Oui, encore une gare. Oui, encore désaffectée. Mais oui, les TER s'y arrêtent encore parfois. Malgré tout. Mais en cas de problème, tout est prévu.




Ah bah mince, c'est marqué HS dessus. J'aurais pas cru.



Marbache, la gare, elle a une passerelle. "Chic" comme dit une chouette fille. Je vais faire des photos depuis en haut.






Marbache, c'est quand même un gros village, qui à l'origine est à droite, là, sur la photo, on voit bien un tas de maisons dans l'axe du bâtiment de la gare, qui descendent un vallon transversal à la vallée de la Moselle, pour rejoindre le bas village, plus récent, qui s'étire, étriqué entre la falaise et la Moselle, le long de la courbe de cette dernière.



A Marbache, y'avait une petite mine. Rien à voir avec les grandes mines truc dont on parle tout le temps, non, non, un genre de petite mine confidentielle qui se planque tellement elle a honte d'être si petite! Mais le Club d'histoire locale, une fois le tri fait entre les annonces de concours de belote et les annonces de noces de diamant (et pourquoi pas des noces de minette?), vous en convaincra mieux que moi. Il propose même des petites publications à celles et ceux que l'histoire de Marbache interpelle.



Moi, comme j'étais à pied, et déjà un peu entamé de la semelle, et sentant que le plus gros du trajet restait à faire, je ne suis pas monté voir l'entrée de la mine aujourd'hui fermée, ni le vieux village, j'ai traversé le bas du village pour filer vers Pompey, localité suivante de mon périple. Le bas de Marbache est assez rigolo, c'est une grande grande rue pas toujours jolie, qui surplombe en légère courbe la Moselle, et chatouille les pieds du talus calcaire de l'autre côté, talus aux affleurements qui jouent à la falaise. Terrain fort instable aussi, deux trois maisons modernes se situant plus directement-à-son-pied-que-ça-tu-meurs ont à mon avis du soucis à se faire...







Bref, Marbache, un charme désuet pas désagréable...! Me restait à faire la jonction avec Pompey, et pour le coup, les choses s'annonçaient assez mal: la N57 semblait cette fois ma seule solution. Je l'empruntai donc, mais sur un ou deux kilomètres maximum, assez désagréables il faut dire, afin de rejoindre Pompey, qui marquait aussi pour moi la porte du monde connu: à partir de Pompey, j'étais en terrain déjà parcouru à pied...

samedi 28 mars 2009

Entre deux

Me voici donc en route vers Marbache, longeant depuis l'autre côté de voie ferrée la ZAC Prosper Cabirol (mais qui est ce Prosper Cabirol?) de Belleville. Les dernières maisons avant les entrepôts ont l'air plus ou moins habitées, et le décor devient intéressant, avec des perspectives bien longues qui me vont bien.




Dernier regard en arrière: Belleville, i'll be back!





Eh oui, Mamléa, ils sont partout!








vendredi 27 mars 2009

Back to Belleville-gare and heading to Marbache


(les titres en Anglais, ça fait trop Indiana Jones style)

J'étais donc revenu à la gare de Belleville (cf. épisode précédent), tandis que le Fret privatisé déroulait ses wagons devant moi, m'obligeant à voisiner au passage à niveau avec un énorme pseudo 4x4 de ville blanc pétant occupé par des hommes en costards, sortis quelques minutes avant du restaurant "La Moselle" qui se trouve juste de l'autre côté de la rue.

Une fois le Fret passé, toujours décontenancé, je grimpai, le pied errant, sur la passerelle de franchissement des voies permettant d'alterner entre le quai "vers Nancy" et le quai "vers Metz". De son sommet, je pris quelques images du genre que j'affectionne ces temps-ci, révélant le cheminot refoulé qui sommeille en moi.



Une vue de Belleville, de la même passerelle, qui ne lui rend pas honneur soit dit en passant. Mais j'y retournerai.



Doutant toujours sur l'avenir de cette équipée, je me dis que j'allais monter vers les hauteurs du village, histoire de voir l'orée de la forêt, avant de redescendre choper un car TED dont les arrêts fréquents (et les tarifs attractifs!) me laisseraient toute latitude d'aller directement à Nancy ou de faire étape en chemin. Adepte du détour, je pris une rue parallèle à la voie ferrée, côté village, qui se trouva être la rue de Millery. A ce propos, je corrige mon post précédent: la rue du Poirier de Fer existe bien, et n'est en aucun cas "remplacée" par la rue Prosper Cabirol... c'est une erreur de ma part et... de Google maps dont la précision laisse souvent à désirer: la prochaine fois, je ferai comme les gens sérieux, et j'irai sur le géoportail de l'IGN... bref, me voici (ah, on passe au présent? bon d'accord) rue de Millery, résidentielle en diable, et alors que je m'apprête à tourner à droite vers le centre du village, je croise un chat dans un jardin qui me renseigne sur le fait que la rue de Millery se prolonge ainsi jusque... Marbache!



Comment ça un chat? Eh, camarade lecteur, c'est mon aventure, alors tu me laisse tourner ça comme j'ai envie, hein? Y'a pas marqué Barbara Cartland, là, ho! D'autant que pour tous les usagers de l'A31 entre Nancy et Metz -c'est plus visible encore dans le sens Metz-Nancy, je trouve- j'aborde un véritable mythe. Pour moi, même, un totem. Car depuis mes dix ans, je suis toujours fasciné, étonné, et dubitatif en voyant depuis la rampe de l'autoroute, qui rend tout si malheureusement flou, le haut cet objet immobilier:



Tu vois? Le château d'eau décoré aux couleurs de la Poste... si, la Poste, cette importante garante de lien social plus d'un titre et à laquelle nos patrons politiques ou non, français comme européens veulent faire des misères... oui, celle-là. Déco à dater de 1989, je suppose, puisqu'elle évoque le bicentenaire de la Révolution française.

Bah tu vas rire, mais cet objet du paysage que je vois depuis mon enfance du haut, toujours à 130 km/h, dans un empressement pas toujours utile, voilà qu'il était soudain devant moi, émouvant, là, à l'entrée de quelques vergers survivant sous le talus de l'autoroute, comme à Maxéville. Ça donne toujours un certain vertige de voir sous un angle nouveau, d'ailleurs, à une vitesse différente, un objet qu'on a toujours vu pendant des années et des années sous un seul angle, à une seule vitesse... je ne savais même pas que c'était Belleville, là, qu'on voyait du macadam pressé... Le château d'eau et son local tout vieillot, qui me rappelle d'une certaine manière la maison de mon grand-père dans le Grand Couronné, construite à la va-vite en béton approximatif par les Américains pour faire un PC en 1944, et plus que vétuste, où je passais mon enfance dominicale. Je ne sais pas. Le béton qui s'effrite, les nids de guêpes dans les cavités conséquentes, l'odeur de la tôle rouillée au plus fort de l'été, les toiles d'araignées noircies d'années de poussière près des fenêtres, l'herbe anarchique aux alentours... dur à expliquer. Peut-être parce qu'en rentrant de la maison, on passait devant et puis c'est tout? En tous cas, ça m'a évoqué ça, en plein hiver (oui, je suis Lorrain, mars c'est l'hiver et si t'es pas content, c'est pareil). Double émotion néanmoins.





Dans tous les cas, j'avais enfin trouvé une route vers Marbache. J'abandonnai donc le projet de monter vers le haut du village puis de prendre un car: mes semelles allaient manger la route...

jeudi 26 mars 2009

Belleville gare


La gare de Belleville, en bas du village, est désaffectée. Du moins ses bâtiments. Borne automatique, abords surgrillagés, entrer sur le quai en attendant l'un des TER faisant halte ici a un petit côté stalag en beaucoup plus gentil qui n'échappe pas. Pour tout dire, ce coin est même sinistre. Mais juste sinistre comme j'aime.

Dans ma quête pédestre vers Nancy, sans carte, puisque je suis un garçon au cerveau fort aéré, j'étais à la recherche d'un chemin ou d'une petite route qui me mènerait à Marbache sans marcher le long de la nationale, dangereuse et fort désagréable. Je suis donc descendu sur les indications d'une petit mamie vers la Moselle, que, disait-elle, on pouvait rejoindre via un tunnel sous l'autoroute. De là, j'espérais bien cheminer gaillardement vers Marbache. Une fois passée la gare, il n'y a pas beaucoup de choix, et on entre dans un genre de no man's land déroutant, une sorte d'impasse géante: le monde n'est plus fait pour les piétons. Le talus de l'autoroute déchire la terre en deux, et est très parcimonieusement franchissable pour le péquin en chassures. Le long de la voie, sur la droite, une grande rue, dite rue du Poirier de Fer d'après la carte, bien que sur le terrain, cette appellation semble avoir disparu au profit de la dénomination rue Prosper Cabirol. Et le long de cette rue, il y a des grosses maisons assez jolies, certaines avec des petits côtés Amityville (mais si, la maison avec un diable en forme de fantôme dedans et des meurtres à la hache, roooh, c'est classique, le pire restant l'agent immobilier qui vend la maison, catégorie de population qui fait pâlir à coup sûr un poltergeist...). Je relie leur aspect cossu au temps de la prospérité industrielle de Belleville. Et bien sûr, dénigrant le chemin conseillé par l'indigène octogénaire, bien à tort-mais-en-fait-non, je longeai cette rue, d'autant qu'elle passait sous l'autoroute et semblait se prolonger vers la ZAC Prosper Cabirol, qu'on voit bien depuis l'autoroute et le train.







C'est pas beau de regarder sous les jupes des A31, je sais. N'empêche que... la zone au-delà de l'A31 est floue, c'est le moins que l'on puisse dire. Je poursuivis vers la ZAC Cabirol, de plus en plus convaincu que ce serait une foutue impasse, doublant une grosse maison isolée, à moitié rapiécée, comme si tout ce qui borde une autoroute se devait d'être crasseux, démantibulé, approximatif. Un genre de loi naturelle qui se serait approprié les pires constructions humaines. L'endroit, sous influence autoroutière, virait à l'inéluctable, au malaise, au cul-de-sac et à l'inutile. Comme une chanson de Manowar qui parlerait de l'esprit-cheval des Cherokee. C'est dire le niveau (ceci était plus ou moins gratuit).

Demi-tour!



Je repris mon cheminement en sens inverse, arrivant à l'entrée d'une ruelle pleine de promesses bucoliques, descendant vers la Moselle (super approximativement dans ma tête), et bien que je fus à nouveau du mauvais côté de l'autoroute, j'avais toute confiance en l'indication donnée plus tôt par la vieille dame qui attendait le car TED à propos d'un tunnel qui me permettrait de passer "de l'autre côté".



Bah ouais mais non. Du point de vue bucolique, c'était pas tout-à-fait ça. Pas comme je l'imaginais, quoi. Mais, ne me décourageant point, je m'approchai du tube sombre et humide, imaginant au-delà un paradis sans limites, où le vent fripon prend garde à ton jupon et toutes ces sortes de choses.



Ça m'avait tout l'air d'un voyage initiatique. Un foutu voyage initiatique, et je n'eus point été étonné de croiser un nain causant avec un chevalier et une charrette. Ou peu s'en faut. Mais là encore, pas du tout.



Car plus je cheminais vers la lumière, plus je réalisais que ce n'était pas un voyage initiatique du tout mais juste un putain de tunnel hyper humide, avec de la boue partout, dans laquelle je m'enfonçais vivement avec mes petites godasses de lavette citadine (pire, nancéenne...). Je fus donc contraint à rebrousser à nouveau chemin, et repris la direction de la gare, la mort un peu dans l'âme, faire quelques photos de voie ferrée, encore, et méditer sur la suite des opérations. Suivre quand même la nationale à pied? Choper un TER. Un car TED au village? Et le cas échéant, s'arrêter à Marbache pour tenter de reprendre l'aventure?

Dilemme.

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