jeudi 26 mars 2009

Belleville gare


La gare de Belleville, en bas du village, est désaffectée. Du moins ses bâtiments. Borne automatique, abords surgrillagés, entrer sur le quai en attendant l'un des TER faisant halte ici a un petit côté stalag en beaucoup plus gentil qui n'échappe pas. Pour tout dire, ce coin est même sinistre. Mais juste sinistre comme j'aime.

Dans ma quête pédestre vers Nancy, sans carte, puisque je suis un garçon au cerveau fort aéré, j'étais à la recherche d'un chemin ou d'une petite route qui me mènerait à Marbache sans marcher le long de la nationale, dangereuse et fort désagréable. Je suis donc descendu sur les indications d'une petit mamie vers la Moselle, que, disait-elle, on pouvait rejoindre via un tunnel sous l'autoroute. De là, j'espérais bien cheminer gaillardement vers Marbache. Une fois passée la gare, il n'y a pas beaucoup de choix, et on entre dans un genre de no man's land déroutant, une sorte d'impasse géante: le monde n'est plus fait pour les piétons. Le talus de l'autoroute déchire la terre en deux, et est très parcimonieusement franchissable pour le péquin en chassures. Le long de la voie, sur la droite, une grande rue, dite rue du Poirier de Fer d'après la carte, bien que sur le terrain, cette appellation semble avoir disparu au profit de la dénomination rue Prosper Cabirol. Et le long de cette rue, il y a des grosses maisons assez jolies, certaines avec des petits côtés Amityville (mais si, la maison avec un diable en forme de fantôme dedans et des meurtres à la hache, roooh, c'est classique, le pire restant l'agent immobilier qui vend la maison, catégorie de population qui fait pâlir à coup sûr un poltergeist...). Je relie leur aspect cossu au temps de la prospérité industrielle de Belleville. Et bien sûr, dénigrant le chemin conseillé par l'indigène octogénaire, bien à tort-mais-en-fait-non, je longeai cette rue, d'autant qu'elle passait sous l'autoroute et semblait se prolonger vers la ZAC Prosper Cabirol, qu'on voit bien depuis l'autoroute et le train.







C'est pas beau de regarder sous les jupes des A31, je sais. N'empêche que... la zone au-delà de l'A31 est floue, c'est le moins que l'on puisse dire. Je poursuivis vers la ZAC Cabirol, de plus en plus convaincu que ce serait une foutue impasse, doublant une grosse maison isolée, à moitié rapiécée, comme si tout ce qui borde une autoroute se devait d'être crasseux, démantibulé, approximatif. Un genre de loi naturelle qui se serait approprié les pires constructions humaines. L'endroit, sous influence autoroutière, virait à l'inéluctable, au malaise, au cul-de-sac et à l'inutile. Comme une chanson de Manowar qui parlerait de l'esprit-cheval des Cherokee. C'est dire le niveau (ceci était plus ou moins gratuit).

Demi-tour!



Je repris mon cheminement en sens inverse, arrivant à l'entrée d'une ruelle pleine de promesses bucoliques, descendant vers la Moselle (super approximativement dans ma tête), et bien que je fus à nouveau du mauvais côté de l'autoroute, j'avais toute confiance en l'indication donnée plus tôt par la vieille dame qui attendait le car TED à propos d'un tunnel qui me permettrait de passer "de l'autre côté".



Bah ouais mais non. Du point de vue bucolique, c'était pas tout-à-fait ça. Pas comme je l'imaginais, quoi. Mais, ne me décourageant point, je m'approchai du tube sombre et humide, imaginant au-delà un paradis sans limites, où le vent fripon prend garde à ton jupon et toutes ces sortes de choses.



Ça m'avait tout l'air d'un voyage initiatique. Un foutu voyage initiatique, et je n'eus point été étonné de croiser un nain causant avec un chevalier et une charrette. Ou peu s'en faut. Mais là encore, pas du tout.



Car plus je cheminais vers la lumière, plus je réalisais que ce n'était pas un voyage initiatique du tout mais juste un putain de tunnel hyper humide, avec de la boue partout, dans laquelle je m'enfonçais vivement avec mes petites godasses de lavette citadine (pire, nancéenne...). Je fus donc contraint à rebrousser à nouveau chemin, et repris la direction de la gare, la mort un peu dans l'âme, faire quelques photos de voie ferrée, encore, et méditer sur la suite des opérations. Suivre quand même la nationale à pied? Choper un TER. Un car TED au village? Et le cas échéant, s'arrêter à Marbache pour tenter de reprendre l'aventure?

Dilemme.

2 commentaires:

MamLéa a dit…

Joli road-movie, Jones !
T'as croisé ni serpent, ni scorpion géant, ni méchant ?

(Parce que Mam' elle est tellement nulle, qu'elle réalise seulement pourquoi "Dadu Jones" ...)

Dadu Jones a dit…

Eh eh eh.

La genèse...

En seconde, j'avais un camarade, Gérald, qui me surnomma Dadu. C'est resté.

Et j'avais un sac à dos de cours de la marque David Jones. D'où Dadu Jones ah-ah-ah. Mais nous avons bien vite compris le lien avec Indiana, qui m'allait bien, puisque j'étais, et je reste un très grand admirateur impénitent du personnage et des films où il apparaît.

Nous illustrions même nos envies d'aventures par des facéties assez peu matures au demeurant, même pour une classe de seconde, que nous nommions "les aventures de Dadu Jones contre l'immonde pourceau Gérald".

Ces aventures me valurent quatre heures de retenue au total, en deux fois.

Mais notre univers était peuplé d'autres camarades mythiques, que je vois toujours contrairement à l'immonde pourceau... j'ai nommé Xophe le Kruel (auteur du blog "L'Exil" en lien ici), Le Grébérosaure du Chaos, [Rex, Regis], Le Good Old Güt' de Merde et Cyril, qui n'a pas de nom spécial, tiens.

Quinze ans minimum d'amitié, plus pour certains, c'est pas rien, et si j'avais pas rencontré cette bande de "sociopathes", peut-être n'aurais-je pas tant le goût des équipées solitaires comme le Belleville-Nancy à pied en impro totale!

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