dimanche 20 septembre 2009

Chute de jour sur la Méchelle


L'étang de la Méchelle est devenu y'a quelques années un plan d'eau respectable. A l'époque, j'habitais à proximité immédiate. Faut dire qu'avant les très gros travaux qui en ont radicalement modifié l'apparence, c'était avant tout un grand étang-terrain-vague pas bien propre. Moi, c'était un cloaque que j'aimais vachement bien. Dans son état brut. Comme s'il s'était couvert de bordel pour qu'on l'oublie un peu et qu'on évite de lui jouer de la pelleteuse dans la tronche. Mais le calibrage rattrape toujours ses proies. La lutte est difficile. Après, j'dis pas, le lieu de promenade est plutôt agréable, et ce n'est pas totalement n'importe quoi, et c'est une zone d'actvités nautiques assez chouette. Mais y'a pas, on peut pas s'empêcher de venir fourrer notre nez constructeur pour détruire les coins encore tranquilles de la ville...



Quand je reviens dans le coin, je suis content de pouvoir faire le trajet en vélo au bord de l'eau. C'est confortable. J'en use, alors je ne cracherai pas totalement dans la soupe de Méchelle, et la vue vers Nancy est est très "city line" dans l'âme, et j'adore. Non, le truc qui m'a vraiment fait mal au cœur, profondément, ce n'est pas le plan d'eau en lui-même, car il a ses qualités. Ce qui m'a plombé, ce sont les jardins maraîchers dont une partie ont été démolis pour faire des grands espaces en gazon, et une grosse route de graviers, pour relier le nouveau plan d'eau au carrefour en face du stade Marcel Picot, à Tomblaine. Les jolis jardins, avec les coqs qui braillaient, et qui descendaient loin vers la Meurthe. En bas, près de l'eau, des gens cultivaient "sauvagement" leurs jardins, au-delà des parcelles légales. Ils étaient souvent inondés. Ils revenaient, te cultivaient à nouveau. C'est le souvenir d'un couple de Turcs qui habitait la même rue que moi, avec qui on faisait du troc de légumes, et qui venaient en vélo au jardin, et en repartaient les sacoches bourrées de denrées. Toute cette excellente terre maraîchère écrasée sous le goudron et les graviers... j'en jaunis. Et ce petit couple, qui se tenait là, sur le trottoir, les larmes aux yeux, pendant que les pelles fouissaient ce qui fut leur jardin.

Ma mère me dit qu'aujourd'hui encore, dix ans plus tard, le type vient encore marcher là où étaient ses tomates, déambule quelques minutes, les yeux perdus sur le gazon ras et les graviers, avant de continuer sa route. Il était attaché à son bout de terre lorraine, ce vieux Turc...

Bah...

(photos du 14 septembre 2009)

(Le Turc et sa terre lorraine, ça m'introduit le billet de demain, et ça va gueuler, tiens, je l'ai mauvaise après avoir vu un truc dans la rue...)

2 commentaires:

MamLéa a dit…

Le jardin ouvrier à Clamart où mon grand-père cultivait ses patates, et où il nous emmenait, ma sœur et moi en "char à bras", il a disparu... sous un célébrissime hôpital...
J'en garde des souvenirs aussi émus que lointains! Pour moi, alors petite Parisienne, c'était la campagne, avec des liserons dans les framboisiers et du chiendent dans les allées.
Comme je le comprend, ton bonhomme, à pleurer ses tomates bouffées par le bitume.

supermamy a dit…

comme moi si on venait me retourner mon jardin !
et que ça pourrait arriver vu que ce n'est pas à moi mais à la commune ;y faire un rond-point ,je vois ça !!

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