mercredi 20 mai 2009

Marbotte... église et victimes


C'est sinistre? Oui, c'est sinistre.

La guerre fait partie des quelques réalités qui entre deux promotions chez H&M méritent d'êtres rappelées comme sinistres. Je pense aux camarades de Sarajevo disant: "ne baissez pas la garde. Ne croyez pas que le confort vous protège. La guerre, ça arrive du jour au lendemain. Parce que vous n'avez pas été assez attentifs." Et encore, les gars et les filles de Sarajevo parlent de guerre civile. T'imagine...

On va finir cette "petite excursion" au milieu de la Première guerre mondiale en Meuse, sur le Saillant de Saint-Mihiel, à Marbotte. A Marbotte y'a une église. Sinistre elle aussi. Assez sinistre pour qu'en plein juillet 1914, on ne l'imagine pas si sinistre quelques mois plus tard...

Eh oui. Marbotte c'est Marbotte. Ce village, depuis ces années, implique des choses.

Il est comme il est. Et l'église a le froid de la chair morte.



Puis tu entres. Tu n'aimes pas le folklore guerrier. Tu l'aimes. peu importe. Tout est là pour te rappeler que.









Sur ces dalles. Les cadavres.



Et la litanie reprend...







3 commentaires:

MamLéa a dit…

Sinistre, ce village ? Je pense que, comme dans tout village, on y rit, on y chante, on s'y fait des petites bouffes entre amis !
Que dans cette église, il y a encore (même si ce n'est pas souvent) des mariages, des baptêmes, des fêtes. Et je parie qu'alors, les pèlerins, ils ne les voient même plus, ces vitraux.
Oublier ? Il n'y a plus de vivants qui aient le souvenir de cette période. Mon Grand-père, gazé dans les Vosges près de Charmes en 1917, m'a raconté cette époque, mais il n'aimait pas trop : il fallait insister et c'est surtout sur les copains qu'il était volubile. Je n'ai même pas transmis ses souvenirs à mes enfants. Erreur ? Peut-être, mais ils n'étaient pas demandeurs. Et, comme toi, mais avec moins de passion, ils ont appris à l'école et dans les livres. Dans ce qu'on a reconstitué des tranchées et des champs de bataille, on est incapable, il me semble, de réellement imaginer l'inimaginable, à peine frémir sur ce que le cinéma nous a montré, sans l'odeur du sang, sans les pieds dans la boue, sans…

Que la guerre puisse nous tomber dessus sans crier gare, oui, c'est toujours possible. La preuve, tu nous la donnes et cela donne des frissons dans le dos.

Euh !… si tu passais à autre chose ?

Dadu Jones a dit…

Par sinistre, j'entendais le thème récurent... et pas (forcément) Marbotte...

En effet, pour le reste, c'est bien l'incommunicable, que l'on parle. Incapacité et vanité à vouloir communiquer ce qui ne peut l'être. D'où, en partie, cet étonnant silence de beaucoup d'anciens combattants.

"Le bouleversement du plateau a l’air figé par cette froidure ; et maintenant que la chaleur de la lutte s’est éteinte, ce chaos de terre et de pierres sous un ciel aussi morne me paraît absurde. La pensée ne sent plus aucun rapport entre cela, qui ne ressemble à rien, et nous, qui avons vu tant de choses dans notre vie. "André Pézard, Vauquois, 3 mars 1915

J'ajoute Pierre Chaine, dans l'excellent Mémoires d'un Rat:

"La prose des journaux a donné aux lecteurs l'habitude d'un tel diapason que le ton de mes mémoires va leur paraître bien terne. Le plat que je leur sers est fade en vérité comparé aux ragouts épicés que cuisinent les grands quotidiens. On ne retrouvera pas sous ma plume l'héroïsme souriant et bavard des récits du front, ni les blessés qui refusent de se faire évacuer, ni les mutilés impatients de retourner au feu, ni les morts qui veulent rester debout*. Un humble rat de tranchée ne peut offrir qu'une lecture plus terre à terre."
*A l'adresse du "Debout les Morts" de Péricard, illustré dans le post précédent...

MamLéa a dit…

Ce village a eu la "chance" d'être reconstruit.

Sont effectivement sinistres ceux qui ne l'ont pas été, au nord de Verdun, à l'ouest de Pont à Mousson et peut-être d'autres.
D'autant plus sinistres quand, comme moi, tu as connu des gens qui y ont vécu et t'ont raconté comment ils les ont quitté !
Quand je travaillais dans le secteur de Verdun et du Morthomme, j'avoue qu'il y avait des endroits où l'on se surprenait à parler bas !
(Ha, la mémoire des "vieux"... transmettez, transmettez : c'est très important.)

Le silence des anciens combattants, je l'ai constaté de la part de Papa qui, prisonnier en Poméranie, a traversé l'Allemagne en fuyant devant l'avancée russe, n'a jamais voulu raconter les horreurs qu'il y a découvertes.
D'un autre côté, il y a ceux qui ont écrit, décrit, en long, en large et en travers, laissant une trace de l'indicible.

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