mardi 22 avril 2008

Le Musée municipal de Toul (dust'n'bones)

Gros coup de cœur pour le musée municipal de Toul. On a envie de parler d’un petit musée sympathique, et contre toute attente, c’est pourtant un grand musée sympathique, très riche, si du moins on a la patience d’un curieux chronique, encore qu’il faille plutôt parler de névrose, dans la plupart des cas. Je sais de quoi je parle. C’est un musée où il faut fouiller. Et où il fait bon fouiller. Relativement désuet, loin des froufrous agaçants de la muséographie technologique, trop ardue, trop prétentieuse, que je vois trop souvent, et d’une part de snobisme qui va parfois avec, il conserve tout de l’image que l’on se fait aujourd’hui de la société historique de la fin du XIXème siècle, avec des planchers en bois qui craquent, des pièces remplies d’étranges ossements et de mystérieuses épées rouillées, voisinant sans autre cohérence apparente que celle exigée par les lieux –souvent la plus lucide- avec des tapisseries, des fusils et des uniformes des deux conflits mondiaux, des porcelaines, des tableaux en tous genre, dont un Boucher et un Friant, et beaucoup de surprises.

Ce n’est pas tant pour ses collections (quoique l’archéologie locale soit bien servie, quoique la magnifique salle gothique de l’ancien Hôtel-Dieu soit un bijou, quoique les gravures et reproductions de gravures sur les villes de Lorraine font toujours plaisir à voir…) que pour son ambiance que j’aime cet endroit. Une vraie caverne au trésor, avec de tout, dans tous les sens… je trouve la porcelaine moche, je déteste la tapisserie… mais ça s’insère si bien dans les chouettes locaux que j’y ai trouvé du plaisir : derrière l’apparente incohérence des collections et de leur présentation, se trouve la seule vraie cohérence à mon goût : l’harmonie de l’ensemble.

Si un jour vous visitez le plus que charmant musée municipal de Split, en Croatie, désert et froid, perdu au fond d’une ruelle, délaissé des touristes lascivement en train de cuire sur les plages, ou s’esbaudissant sur les froides sculptures de Meštrović dans sa demeure pharaonique, vous retrouverez peut-être un peu du musée de Toul. Et inversement.

Les articles suivants seront destinés à une partie de ses collections.

Musée Municipal de Toul
25, rue Gouvion Saint-Cyr,
Toul
Tél : 03 83 64 13 38


A deux pas de cathédrale, et c'est une banalité, mais quelle banalité: elle est décidément magnifique...



2 commentaires:

MamLéa a dit…

C'est vrai qu'il n'y a pas de mot qui convienne, et pourtant Viollet le Duc l'avait classée comme d'un gothique dégénéré... D'où les difficultés par cette cathédrale d'être reconnue par la suite !

Dadu Jones a dit…

Je ne t'apprends rien, mais en y ajoutant le déclassement avec la perte de l'évêché, donc des fonds nécessaires à l'entretien courant, plus les dégâts terribles de 1940 (et 1944?)...

Pour le père Viollet, je me demande si les caractéristiques du gothique provincial, en "résistance" au modèle d'Ile-de-France, et mêlant traditions architecturales locales, champenoises et germaniques, n'est pas pour quelque chose dans cette déconsidération notoire...

La restauration est belle et très scrupuleuse, et les gens que j'ai pour le moment rencontré et assurant la visite des lieux sont carrément réjouissants à écouter.

Instructif, sur Saint-Etienne, "Lorraine Gothique", de Marie-Claire Burnand, pp. 309-321.

Si tu ne l'as pas, chope-le en bibliothèque, ou autrement il se trouve facilement sur e-bay et les conneries comme ça, suite à une courte recherche à l'instant je tombe dessus à plusieurs reprises. Y'a pas mal de pages qui devraient te plaire, et pas seulement sur le Toulois. Sinon, reste la photocop', ça peut se faire.

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