mercredi 3 novembre 2010

Uzemain, rue du Champ du Faite








Moi, le garçon citadin de Nancy, j'avais pendant les vacances de quand j'étais minot, la chance d'aller dans des paradis hors la ville pendant les vacances, et dès fois le mercredi ou le week-end. Y'avait le bled Croisilles, au fin fond du bocage normand. Plutôt pour les vacances. Y'avait Sivry dans le Grand Couronné lorrain. Plutôt le week-end. Et à la fois le week-end et les vacances, y'avait Uzemain, là, dans la Vôge, tout près de Xertigny. Bon, là, on parle d'Uzemain, alors. De ce terrain de jeu géant et de cette aventure perpétuelle qu'était Uzemain. Toute personne ayant grandit, tout le temps ou juste en vacances, à Uzemain, aime forcément Indiana Jones. Par exemple. On jouait à fabriquer de la bouillasse dans la rigole qui donnait sur le poulailler, à partir de barrages très élaborés, on fabriquait de la poudre de cailloux concassé en travail posté, on n'avait pas trop envie de tuer les poules ou les lapins du voisin, mais on jouait aux Rêves. C'était un chouette jeu ou tu jouais à dormir, à te réveiller, et à faire un rêve en grandeur nature dans le grand terrain de jeu d'Uzemain. On remontait le Côney, le ruisseau du coin, en une aventure extraordinaire, les pieds dans la boue, on jouait à l'épervier fondant sur ses proies depuis le tas de terre devant la grange, on brisait la glace des anciennes auges avec perplexité en hiver et même, ça pouvait arriver, on partait en marécageuses expéditions pour la journée, pour rentrer précipitamment d'avoir évoqué la Bête des Vosges au crépuscule, ou de voir venir l'orage une fin de belle journée d'été un peu trop vite pour être totalement -et nécessairement- autre chose qu'une immense tempête.

Uzemain. Boule de tendresse à mes cousins-cousines Lorraine, Romain et Bérenger, à la voisine Stéphanie, à l'espèce de sœurette par procuration fondamentale d'enfance Elodie, au vieux Georges et à la Paulette, qui ont laissé la vie, à ma tante Christine, à Nathalie, à Roselyne, à Marie-Claire, à Jean-François, à Adrien, à plein de gens aux noms plus Vosgiens que ça tu meurs*, et à tout ce tas de figures mythologiques de mon enfance nourrie au coteau d'en face, aux gamins comme moi d'alors et d'aujourd'hui, à la grande vacance immense, et à tous ces adultes perdus en cabalistiques parties de belote enfumées, si mystérieux à manipuler leurs cartes comme des magiciens...

(photos du 1er novembre 2010)

*Salut les Vuillemin, les Aubry, les Absalon, les Didelot, les Grandemange, les Petitdemange et autres Vaxelaire...


3 commentaires:

Anonyme a dit…

N'oublions pas les poirot!

Anonyme a dit…

encore un cmmentaire qui ravive bien des souvenirs la nostalgie te poursuit mon gars

Dadu Jones a dit…

Elle me poursuit mais n'est que nostalgie. Bien heureusement, la mélancolie est loin, et c'est tant mieux. Cette nostalgie est de celles qui font avancer et trouver sa place. Alors j'en redemande!

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