Je me sens privilégié de pouvoir accéder à bien des endroits de Vandœuvre comme si j'étais sur les Champs-Elysées en mieux. En mieux parce que les quartiers à Vandœuvre, c'est plus de 80 ethnies, et c'est une nouvelle surprise à chaque porte franchie.
Ici un cassoulet mijote, là-bas un tajine, dans ce coin une blanquette et non loin un truc tchétchène pour lequel je n'ai pas de nom. Mon enthousiasme est lié à l'expérience humaine puissante que j'y vis. Ceci contrebalance d'autres vérités plutôt laides, mais réelles, sur l'Ici. Des réalités plus complexes que ce que certains croient, et plus prégnantes que ce que d'autres disent.
Mais je reste totalement émerveillé par la majorité des humains locaux, et leur faculté à aimer malgré tout, à vivre, à rester, à partir, mais à être le quartier, ici ou ailleurs. La complexité sans fin des lieux est aussi une richesse sans fin.
Il faut en avoir conscience. Et mes amis, la sortie de la mosquée le matin de la fête de l'Aïd, que ça chatoie de partout, entre les mères de familles arabes en habits sobres mais raffinés, les mères de familles africaines en habits exubérants et colorés, ces odeurs de bouffe de tous horizons couvrant le quartier, ces sourires sur les visages, et ces rues (enfin) joyeuses, cette mère gabonaise catholique accompagnant sa fille musulmane aux fêtes chez les voisins musulmans, acceptée volontiers, disant la première "
après tout on a le même Dieu"... ça m'enthousiasme, et pourtant, les Dieux, qu'on les découvre dans la Bible, le Coran ou la Torah, ou n'importe quel autre bouquin dans ce genre qui me laisse froid, c'est vraiment pas mon truc, on le saura. Les monothéismes et boudhismes associés me tapent sur le système.
Ce qui m'intéresse, c'est quand des gens se mettent à faire des choses ensembles, qu'elles soient positives, ou négatives, de mon point de vue, au moins. Mais ensemble.

J'y repensais. Mais c'est comme si l'Aïd, cette année en septembre, était une répétition exotique et pré-automnale de la Saint-Nicolas des catholiques lorrains... très chouette.
En quelques très courtes semaines, déjà de grands souvenirs dans les cités de Vandœuvre, qui à eux seuls subliment toute l'indéniable tristesse, violence et terrassante difficulté qui règne ici. Et qu'il ne faut pas pour autant nier, oublier, pardonner. Mais il y a du cœur un peu dans ces rues, bien plus que ce que les Nancéiens moyens le croient. Nancéiens qu'on voit tous d'ici, de ces tours qui dominent sans en avoir l'air ma jolie ville.