C'est marrant, parce que tu te retrouves pour un gros quart d'heure avec des mecs en costards qui descendent ou reviennent de la capitale, toi, simple bosseur, et encore, réfractaire. Ils ont leur portable ouvert, ils font des trucs complexes dessus, des comptes ou quoi, vaguement sous Excel, et toi tu lis un bouquin de merde pour passer le temps.
La grande différence, c'est que toi tu souris, alors qu'eux, qui ont, en plus de leur costard et de leur PC, trois heures de train dans les pattes, ils tirent invariablement la gueule.
Ah, tiens, voilà Liverdun.L'ambiance se détend, ceux qui savent préparent leurs affaires et tout. Mais ceux qui savent vraiment, comme il fait beau, ils regardent par la fenêtre comme le train semble vler en traversant la Moselle, comme Liverdun se livre avec générosité du haut de sa falaise.
Il vaut mieux, du point de vue du quidam moyen, parce que après, c'est Frouard, et Frouard, c'est la dèche niveau jolies vieilles pierres perchées. Enfin, pas tant que ça, mais pas vu du train en tous cas...
Celà dit, Frouard, ça a son charme vu du train, on longe pas mal de vieux entrepôts mortibus, de vitres cassées, on sent que la grosse ville n'est pas bien loin, elle suinte sa rouille sur ses marges et on est en plein dedans. Frouard, c'est la poubelle de Nancy, en un sens, même si on trouve des manoirs, des anciennes mines et même de belles Siciliennes sur les hauteurs.
A Frouard, ce qui a marqué une amie Serbe en provenance de Metz, lors de son premier séjour en Lorraine, loin de la grise mais si belle Belgrade, c'est les silos. Des tas de silos. Je sais pas si ça se fait les silos, en Serbie, mais elle ne s'en remettait pas. Pourtant, c'est rien de plus qu'une bombe à retardement biologique, un gros cube en béton sans fissures, théoriquement, qui reste bien à sa place et ne bouge que le jour où on l'abat. En tous cas, les silos, à Frouard, ça se fait.
Après c'est Champigneulles. Chouette nom. En plus y'a une brasserie. Kronenbourg. Mais c'est fini. Fermeture programmée, Kro regroupe ses activités ailleurs. Merdasse. Un gars me disait y'a pas si longtemps que d'aller en Alsace, franchement, les salariés, ils sont idiots de gueuler. En Alsace. C'est pas loin. Facile. Quand t'as les dettes de ton pavillon à la con, tes amis, tes voisins gentils, tes voisins cons, putain, c'est tout un monde, c'est une rue, un rue c'est un monde, forcer les gens à partir, même à 10 bornes, c'est déjà la fin d'un monde. Je connais des gens à Neuves-Maisons, l'été il sont dehors sur le banc, ça piaille de partout, ça gueule même, ça cancane, mais en attendant, c'est du bonheur. Et c'est pas au Neuhoff à Strasbourg que t'auras ta petite vie de quartier. Petite mais vie. Alors le gars qui me disait ça, j'ai préféré pas lui répondre, plutôt que de lui chier à la gueule.La peur peut-être?
Ouais, ouais.





















Une salle de bain pas si vieille que ça, des carreaux bleus pas très jolis, ça ferait presque années 70. Il reste un étage, et là, l'escalier, doublé du vide du premier niveau, devient vraiment limite, mais nous parvenons tout de même à atteindre les hauteurs! Pas de grenier, tout est aménagé et bien dégradé. La toiture est toujours en place, mais ici l'aération semble moins bonne et les infiltrations font leur boulot d'infiltrations. Rien pourtant de catastrophique, pour preuve, le plancher ne pourrit pas encore.

